"Echecs en Noir et Blanc"

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La préparation d'un joueur d'échecs

L'importance du travail préparatoire dans la carrière d'un joueur d'échecs n'est mise en doute par personne. La préparation se passe soit avec un secondant, ou seule avec un livre. Des brigades de secondants sont le privilège des joueurs d'élite. Pour les autres, les livres et bases de données représentent un bon support pour leurs préparatifs.

Comment travailler avec un livre? Cette question est toujours actuelle.

Cet article est une tentative de fournir une méthode de travail. Je prends pour exemple l'étude et l'analyse des finales. Après de nombreuses modifications de la cadence classique de temps : 2h30 pour 40 coups suivis de l'ajournement dans les années 90, les joueurs ont été forcés de faire des corrections à leur système d'ouvertures et même de leur style de jeu pour s'adapter aux nouvelles cadences en vigueur, plus rapides.

La partie des Echecs la plus touchée par ces réformes récentes est bien sûr la finale. L'abolition de l'ajournement et le rétrécissement du temps de réflexion ont changé considérablement la face de cette phase du jeu.


SOMMAIRE :

Conditions générales d’une préparation

Etude des finales

Progresser avec un livre

Conclusion


Avant d'entamer le thème principal de mon travail, je voudrais vous parler des conditions générales de travail pour les joueurs d’échecs de tout âge. Celles-ci, évidemment, peuvent être différentes chez les joueurs à cause de divers facteurs : forme physique, niveau des joueurs, situation concrète … etc., mais en générale elles sont d’une grande ressemblance.

Conditions générales d’une préparation

Je divise tous les stages de préparation en trois catégories :

I. Travail analytique

Les recherches de nouvelles idées dans les ouvertures et la conception de vos plans en milieu du jeu, ainsi que votre maîtrise des finales dépendent de vos travaux analytiques. Pour que votre travail donne de meilleurs résultats, il vous faut respecter en quelque sorte un code de travail professionnel.

Le temps optimal d'un cours est de 6 à 8 heures par jour pour las adultes et de 3 à 5 heures pour les enfants.Ces séances sont d'une heure et demi (d'une heure pour les enfants) séparées par des pauses d'un quart d'heure.

Le plan du travail

Vérification et révision : il est conseillé de revenir sur vos variantes et vos analyses pour les vérifier et les approfondir dans les jours qui suivent.

Aide d'un autre joueur : Le travail analytique produit un meilleur effet si vous disposez d'un partenaire, au moins pour la révision du travail accompli.

Les travaux analytiques demandent une période d’affinité. Ne faites pas ce genre de préparation juste avant un tournoi pour vous en servir immédiatement. Des petites erreurs surgissent toujours et entraînent des conséquences imprévisibles.

II. Entraînement pratique

A la différence du travail purement analytique, ces entraînements ont pour but de se préparer pour les parties difficiles et longues. Ils peuvent être composés d'une analyse et, ce qui est obligatoire, de toute sorte d'exercices.

La durée de ces entraînements est égale à la durée des parties en vue. Il vaut mieux imiter la cadence du prochain tournoi, et ce qui est aussi important l'ambiance de la future compétition. Un peu de bruit vous fait d’une chambre calme une salle d'open.

Les exercices se font avec les pendules. Cela permet de limiter le temps de réflexion et créer une situation tendue. Si vous mettez les exercices à la fin du cours, vous pourrez imiter la sixième ou la huitième heure du jeu en état de fatigue.

La sélection des exercices est individuelle. Il vaut mieux choisir des positions à résoudre qui visent vos faiblesses. Le travail des situations, où vous ne vous sentez pas bien à l’aise, vous aidera pour les éliminer.

N’abusez pas avec des positions tactiques. Souvent faciles à résoudre, en grande quantité, elles vous font perdre du temps sans vous être utiles dans votre préparation. Il vous faut trouver un équilibre entre des positions : tactiques, stratégiques et techniques, afin d’obtenir de meilleurs résultats et de vous mettre en bonne forme sportive.

III. Parties d'entraînement

A la veille du tournoi, les parties d'entraînement sont un formidable moyen de réviser vos variantes, aussi que de réchauffement et de mise en forme. Elles servent à tester des variantes préparées et des positions type pour éviter des erreurs possibles dans les analyses.

La cadence doit être identique à celle de la compétition en vue.

Le début des parties peut être modifié en fonction du règlement de la compétition et même du décalage horaire avec le pays où cette compétition se déroulera.

Les ouvertures sont sélectionnées selon vos adversaires. Dans la préparation pour un match avec un seul adversaire vous pouvez avoir une bonne expérience même dans des ouvertures que vous allez jouer la première fois.

Les parties d’entraînement entre Botvinnik et son secondant Ragozin nous donnent un bon exemple de cette formule de travail, ainsi que la richesse d'une longue coopération entre deux grands maîtres, qui a apporté ses fruits.

Ragosin – Botvinnik, 1941
1.e4 e6 2.d4 d5 3.Cd2 c5 4.Cgf3 Cc6 5.ed ed 6.Fb5 cd!? 7.O-O Fd6 8.Cb3 Cge7 9.Cbxd4 h6 10.Fe3 O-O 11.Dd2 Fg4 12.Fe2 Tc8 13.Tad1 Fb8 14.h3 Fh5 15.Cxc6 bc 16.g4 Fg6 17.Fa6 Dd6 18.Tfe1 Fe4 19.De2 Cg6 20.Rf1 Tce8 21.Cg1 f5 22.gf Ch4 23.Dg4 Cxf5 24.f3 [0:1]

L’idée 6…cd approuvée dans une partie d’entraînement fut mise à jour pour le championnat de l’URSS 1943/44.

Averbach – Botvinnik, Moscou 1943
1.e4 e6 2.d4 d5 3.Cd2 c5 4.ed ed 5.Fb5+ Cc6 6.Cgf3 cd 7.Cxd4 De7+ 8.De2 Dxe2+ 9.Rxe2 Fd7 10.C2f3 a6 11.Fd3 Fd6 12.Cf5 Fxf5 13.Fxf5 Cge7 14.Fd3 Cb4 15.c3 Cxd3 16.Rxd3 Rd7 17.Fg5 f6 18.Fe3 Tac8 19.Tad1 The8 20.g3 Tc4 21.Cd4 Fe5 22.Cc2 Tec8 23.Re2 a5 24.Td3 b5 25.a3 Fd6 26.Fd4 T4c6 27.Thd1 Tb8 28.T3d2 b4 29.ab ab 30.cb Fxb4 31.Cxb4 Txb4 32.Ta1 Tb7 33.Ta5 Rd6 34.Fe3 Tc4 35.Rd1 g5 36.Re2 Re6 37.Tc5 Txc5 38.Fxc5 Cc6 39.b4 d4 40.Fxd4 Cxb4 [½:½]

Parfois les idées préparées et révisées dans les parties d’entraînement attendent des années, mais un jour elles payent bien.

Etude des finales

Toutes les parties ne se gagnent pas par une attaque. Les miniatures sont de plus en plus rares. Alors que les idées défensives sont en pleine voie du développement, les attaques chevaleresques sont, bientôt, en voie de disparition. Ces points des Echecs du XXIème siècle ont son influence sur le style moderne des joueurs et augmentent la valeur du style technique.

I. Objectifs

Une finale, c'est une des phases non négligeables de la partie. Les apparences sont trompeuses. Malgré leur simplicité les finales sont pleines de ressources cachées et nécessitent une étude attentive.









Exemple : attaque frontale, Sokolov,A - Apicella,M France 1996.

1...Th8! L’attaque par derrière ne sauvait pas les Noirs, 1...Tg2? 2.h6 Th2+ 3.Rg5 Tg2+ 4.Rf7! Th2 5.Tf6, ainsi que la rentrée du Roi, 1...Re5? 2.h6 Tg2 3.Rh5 Th2+ 4.Rg6 Rg2+ 5.Rf7 Th2 6.Tf6 Ta2 7.Rg7, et les Noirs ont perdu la partie.
2.Rg5 Tg8+ 3.Rh6 Re5 4.Tf7 Tg1 5.Tg7 Th1 6.Rg6 Re6 7.h6 Tg1+ 8.Rh7 Th1 9.Ta2 Rf6=

L’attaque frontale pouvait empêcher l’avance rapide du pion passé en forçant le Roi blanc de se placer devant le pion. Entre temps le Roi noir pouvait revenir et se placer plus près du pion passé.










Exemple : précision, Karpov,A - Sokolov,A Linares 1987.

Ici, c’est une élimination du pion passé qui était obligatoire et surtout une vigilance dans une position demandant une dernière précision.
56...Cxe4?? Ce coup perd la partie. La suite correcte et tout à fait logique 56…Cxa4 faisait nulle sans trop de peine. Par exemple : 57.Fd4 Rd6 57.Rb4 (ou 57.e5+ Rc6 58.Rb4 b5 suivi de Cb6) Cc5 58.Fxc5+ bc+ 59.Rc4 g5! 60.fg (60.f5 g4 61.f6 h5 62.e5+ Re6 63.Rxc5 h4 64.Rd4 g3 65.hg h3 et les Noirs gagnent) Re5 61.Rxc5 Rxe4 62.Rd6 Rf5 63.h4 Rg4 etc.
57.Rb5 Cc5 58.Ff8 Cd7 59.Fa3
Zugzwang. Le Fou blanc passe sur d8 et le pion b6 tombe.
59…Rd5 60.Fe7 Rd4 61.Fd8
1:0


Comme l'ouverture et le milieu du jeu, même la plus simple des finales vous propose un grand choix de suites. C'est là qu'on peu se perdre.









Exemple : réalisation, Sokolov,A - Timman,J Belfort 1988

Les Blancs ont une finale gagnante. Mais comment se passer des complications inévitables dans les positions avec nombreux pions passés.

1.Fd1! Ce coup force l'échange des Cavaliers transposant dans une finale simple de Fous de couleurs opposées.
1…Cg7 2.Cxg7 Rxg7 3.Fe2! Si 3.Ff3?, alors 3…Fe1! avec l'idée Fh4. Par le coup du texte les Blancs bloquent les pions noirs avant de pousser leur infanterie.
3…Fd4 4.Rf3 Rf7 5.h4
1-0 Le plan h5-h6, Rh5, g6-g7 et Ff3 prouve la supériorité de trois pions blancs sur les deux noirs.


Vos connaissances des finales de base doivent être complètes. Ci-dessous je vous propose une classification des finales, par ordre de leur difficulté de compréhension d'après mes expériences.

II. Classification des finales

C’est en finales de pions qu’on apprend à bouger correctement le Roi et à le centraliser. Evidemment, c’est par ces finales qu’il faut commencer l’apprentissage.

Les finales de Tours représentent des positions riches d’idées et de manœuvres, ainsi que de toutes sortes d’exceptions. Alors, ces finales, en leur plein volume, sont à étudier sur le long terme.

Les finales : Tour contre des figures légères, Dame contre des figures légères, figures contre pions, sont des finales compliquées. Elles demandent une base de connaissances des finales simples déjà bien remplie.

Il existe encore des finales difficiles à jouer. Parmi les finales avec peu de matériel, mais les plus dures à jouer, on note : Tour et Fou contre Tour, deux Fous contre Cavalier, Dame et pion h contre Dame …

A mon avis ces positions, où le facteur humain, la fatigue surtout, joue souvent un rôle prioritaire, sont à ajouter plus tard dans vos études des finales.

III. Composants d’une finale.

Chaque joueur a son niveau technique. Cela veut dire : une qualité de réalisation des positions plus ou moins simples qui ne demandent que certaines connaissances des finales de base et des règles fondamentales connues. Ici, il n'y pas de changements de méthode. Comme il y a cent ans il faut faire le minimum du travail.

Par exemple, les débutants doivent impérativement connaître quelques positions présentées ci-dessous et encore beaucoup d'autres.

La géométrie de l’échiquier et la force des pièces font la base des estimations constantes et des plans de jeu dans ces situations élémentaires.

Positions de base









Exemple : Mat avec Fou et Cavalier
Les pièces blanches ont fait une cage pour le Roi noir. Il leur reste de le pousser dans le coin de la même couleur que leur Fou(!) et de le mater là.

Exemple : Fou et case de promotion
Un avantage matériel considérable ne rapporte rien aux Blancs dans cette position. Le Roi noir ne quitte pas son coin et les Blancs n’ont aucun moyen de le forcer le faire.









Idées courantes









Exemple : pat,
Berger,I 1889 (fin)

1.Th7+ Rg5 2.Tg7+ Rh6 (Si 2...Rf5 3.Tf7) 3.Th7+ Rg6 4.Th6+! Rxh6 pat.

Exemple : promotion,
Cheron,H 1952

1.Cg7+! Cxg7 2.h6 Rf7 3.h7 gagne
Le Pion passé bat le Cavalier.









Manœuvres classiques

Les manœuvres de la Tour sont pareilles dans de nombreuses positions type. Les positions de Lucena et de Philidor nous apprennent des déplacements de Tour afin d’atteindre un objectif : promotion du pion passé (Lucena) et défense contre une promotion du pion passé (Philidor).

Ce n’est pas deux positions concrètes à retenir mais deux manœuvres classiques applicables pour des centaines de positions de ce type.









Exemple : Lucena 1497
1…Th3 Ou 1…Th4 2.Te1+ Rd7 3.Rf7 Tf4+ 4.Rg6 Tg4+ 5.Rf6 Tg2 6.Te5 gagne.
2.Tf4 Th1 3.Te4+ Rd7 4.Rf7 Tf1+ 5.Rg6 Tg1+ 6.Rf6 Tf1+ 7.Rg5 Tg1+ 8.Tg4 et les Blancs gagnent

Exemple : Philidor 1749
Philidor étudie dans son livre «Analyse des Echecs» cette manœuvre défensive. 1…Ta6! 2.d6 Ta8! Avec les échecs par derrière.









C'est encore Philidor qui a formulé certains axiomes stratégiques du jeu en final. Par exemple : si vous avez un Fou de cases blanches, mettez vos pions sur les cases noires. Avouant qu'il n'y a pas de règle sans exception, on est, quand même, disposé de faire nos premières estimations d'une position à partir de ces règles rudimentaires qui font le point de départ de tous les cours.

Règles fondamentales









Exemple : opposition

En jouant 1…Rd8 les Noirs prennent l’opposition. Si 2.Re6, alors 2…Re8 3.d7+ Rd8 4.Rd6 pat.

Exemple : pion passé éloigné

1.a4 d5+ 2.Rd4 Rd6 3.a5 Rc6 4.a6 Rb5 5.Rxd5 Rxa5 6.Re6 Rb6 7.Rf6 etc. avec un gain facile.









La technique primaire se travaille facilement avec un livre ou en analysant les parties jouées. Il faut rédiger un résumé pour chaque thème étudié.

Progresser avec un livre

Heureusement notre époque a ses avantages. Les livres sur les finales sont nombreux et donnent une bonne vision de tous les types de positions finales.

I. Théorie des finales

Un grand mérite dans ce domaine appartient au grand maître Youri Averbach, qui a fait un travail de fourmis pour rassembler des analyses connues en les vérifiant et en y ajoutant les siennes.









Exemple : Exemple : finale de Dames avec le pion g

1.Dd2 Ra1 (1…Db7? 2.Dd1+ Ra2 3.Dc2+ Ra1 4.Dc1+ Ra2 5.Rh8 gagne, ou 1…Df7 2.Dd6 Ra2 3.Rh6! Dg8 4.Dc6 Rb1 5.Df6 Rc1 6.Dc3+ Rb1 7.Dc6 Ra2 8.Rg6 etc)
2.Dd4+ Ra2 3.Rg6! Dg3+ (3…Dc6+ 4.Rg5)
4.Rf6 Df3+ 5.Re6 Dc6+ 6.Re5 et le Roi blanc se dirige vers la case d2.
7…De8+ 8.Rf4 Df7+ 9.Re3 De6+ 10.Rf2 (10.Rd2 Dh6+)
Df5+ 11.Re1 De6+ 12.Rd1 Db3+ 13.Rd2 Df7 (13…Dg8 14.Dg4)
14.Dg4 Df2+ (14…Dd5+ 15.Re1! Dh1+ 16.Rf2 Dh2+ 17.Dg2 gagne)
15.Rd3 Df1+ 16.De2+ et les Blancs gagnent.


Le livre d'Averbach compte à peu près 60 positions sur ce type de finales. Evidemment, il vous est impossible de retenir la variante de gain dans chaque position particulière. Alors, il vous faut chercher les idées communes à toutes ces finales en les résumant par une synthèse courte et claire.

Trouver l’essentiel dans un tas d’information pour cette finale Dame et pion contre Dame :

II. Commentaires de grands joueurs

Toute une série de finales classiques est bien analysée. Les commentaires de grands champions comme Lasker, Alékhine, Botvinnik ou Smyslov vous donnent une vue générale sur l'ensemble des finales pratiques. L'étude minutieuse de leurs commentaires vous sera toujours utile.









Exemple : Gilg - Tartakover, Semmering 1926

1…Tg1 Après 1…e1=D 2.Txe1 Rxe1 3.Rh7 la partie deviendrait nulle, le Roi noir étant encore trop éloigné du secteur critique.
2.Ta2 Rf3 3.Ta3+ 3.Txe2 Rxe2 4.Rh7 Rf3 5.h6 Rf4 6.Rh8 Rf5 7.h7 Rg6 gagne. On voit comme une case de rapprochement peut changer de fond en comble le théâtre du combat.
3…Rh4! Ainsi le Roi noir s’est faufilé aussi près que possible du Pion adverse.
4.Ta4+ Tg4 5.Ta1 Te4 6.Th1+ Une petite série d’ « échecs de désespoir » commence, car si 6.Te1 Te6+ suivi de Rxh6.
6…Rg4 7.Tg1+ Rf5 8.Te1 Rf6! Améliorant encore la position du Roi. Peu utile serait 8…Te7 9.Tf1+! ef=D? pat.
9.Rh7 Rg5 10.h6 Te7+ 0-1 S.Tartakover “Bréviaire des échecs”


Le plan de réalisation : gagner la Tour blanche en poussant le Pion passé, mais avec le Roi près du Pion passé adverse.
Manœuvres : emplacement du Roi noir et de la Tour noire
Le calcul précis : vérification des variantes.

Comme pour des autres thèmes échiquéens tactiques et stratégiques, il existe pour les finales toute une collection de positions à résoudre.

III. Exercices

Les grands joueurs du passé nous ont laissé des exemples de leur créativité dans la composition liée avec la pratique. C'est pour cela que leurs études conviennent parfaitement à tous les joueurs de compétitions.









Exemple: Paul Keres (1951).

1.Rg4! Le coup banal 1.Te8? perd à cause de 1…Tf4 2.Rg5 Rg3 3.Te7 Rf3 etc. L'attaque de Tour par derrière n'apporte pas toujours ses résultats.
1…e3 2.Ta3 e2 3.Te1 Rg2 Ou 3...Tf1 4.Ta2 =.
4.Te1! avec égalité.

Un très bon exemple de la défense dans une position qui semble perdue. On voit bien la différence entre une tour blanche active, malgré sa position devant le pion passé noir, et une tour noire coincée.


La composition nous donne une possibilité excellente d'entraînement en solitaire. Les études présentent des situations très réelles et en même temps nous forcent à employer toutes nos forces théoriques (axiomes des finales) et pratiques (idées exceptionnelles qui vont parfois contre les règles). Le seul inconvénient que je vois est qu'elles sont en majorité d'une difficulté élevée.

Mon conseil pour les joueurs moyens est de commencer par des études de vieux maîtres de composition (Troïtsky, Rink, Bron, Prokes…). Parmi leurs compositions vous trouverez tous les thèmes rudimentaires de la fin d'une partie d'échecs : figures mal placées, activité du Roi, forteresses et zugzwang, blocage, poursuite et d’autres manœuvres ingénues.

Les thèmes, plutôt combinatoires présents souvent en finales, comme pat ou promotion, sont à travailler par la suite.









Exemple: Ercole Del Rio 1750.

1.Rb3! a2 2.Rc2 Par cette manœuvre du Roi les Blancs enferment le Roi adverse dans le coin.
2…h3 3.Ff3 h2 4.Fa8 Ce2 5. Fb7 Cg3 6.Rc1! 6.Fa8? perd après 6…h1=D 7.Fxh1 Cxh1 8.Rc1 Cf2 9.Rc2 Cd3
6…h1=D Les Noirs gagnent une pièce, mais On peut constater l'impuissance du Cavalier seul dans la position finale.
7.Fxh1 Cxh1 8.Rc2 la position est nulle car le Cavalier noir ne peut pas mettre le Roi blanc en zugzwang (par exemple Rc1 et Cd4), ce qui permet de libérer le Roi noir.

La position finale est une position de base avec une constante : le Cavalier ne peut pas créer un zugzwang et libérer son Roi


On étudie avec cette position comment on peut retenir le Roi dans un coin et, ce qui est à ne pas oublier, l'une des particularités du Cavalier : il n'arrive pas à passer son tour pour créer un zugzwang.

IV. Faire ses propres analyses

L'analyse des parties ajournées, après le premier contrôle au 40ème coup, était une méthode parmi les plus efficaces d'apprentissage des positions simples. Ce travail lié directement aux compétitions en cours était naturel et obligatoire.

Pour les jeunes joueurs (la notion "jeune joueur" est relative. Tous les débutants sont jeunes pour les échecs, même les octogénaires), il est important de voir presque immédiatement les fruits de leur travail. Les préparatifs qui payent un jour sont parfois assez ennuyeux.

Mémoriser les idées de ses propres analyses ainsi que des règles fondamentales mais vues et essayées en pratique est plus facile que tenir dans la tête les informations tirées des parties et des analyses d'autrui en attendant une bonne occasion de les mettre à jour.

Maintenant, à cause des changements des règlements cités ci-dessus, il ne nous reste que l'analyse post-factum.

L’analyse d’une finale, où la théorie des Ouvertures est remplacée par la théorie des Finales, se passe à la même façon que l’analyse générale d’une partie d’échecs.

Voici une position ajournée de la partie Psakhis - Sokolov, Moscou 1981. Les thèmes : Pair de Fous, Pions faibles (les îlots), Forteresse et Zugzwang sont à apprendre.


Exemple: Psakhis,L - Sokolov,A Moscou 1981









54...Fe7! Zugzwang! Les Blancs sont obligés de jouer leur Cavalier. Alors que le Roi et le Fou gardent de faibles pions. 55.Ca5 55.Ce3 était encore pire, 55...Rb6 56.Cf5 Ff6! 57.Rf4 Fe5+ 58.Rg5 Ff7 gagne. 55...Rb6 56.Cc6 Ff6 57.Fd3 La porte se ferme à temps, toujours à la cinquième rangée. 57...Fd1 Attache le Fou blanc au pion b3, pour qu'il ne soit plus assez mobile. 58.Fc4 Fe5+ 59.Rg2 L'échange 59.Cxe5 est en faveur des Noirs. Avec leurs pions faibles les Blancs n'ont aucune chance. 59...Fc3! Il est très important de contrôler la case a5, pour que les Blancs ne puissent pas reconstruire leur barrage sur l'ail du Roi. Le Cavalier blanc ne reviendra plus jamais sur c4. 60.Rh3 Rc7 La pointe, c'est que le Fou blanc ne peut pas supporter deux fonctions en même temps:

protéger le pion b3 et contrôler la case f5 dont le Roi noir se dirige. Les Blancs sont incapables de rétablir la coopération de leurs pièces. 61.Ce7 Rd8 62.Cf5 Fe5 63.Rg2 Fc2 64.Ce3 Fe4+ 65.Rh3 Ff4 66.Cd1 Re7 L'exemple magistral sur la domination de paire de fous. Le Roi noir va au centre. 67.Rg4 Fd2 68.Cf2 Fc2 69.h5 Fh6 Evitant le dernier piège, 69...Rf6? 70.Fd3 Fxd3 71.Cxd3 Fh6 72.Cf4! Re5 73.Ce6 Re4 (Ou 73...Rxd5 74.Rf5 Rc6 75.Rg6 d5 76.Cxg7 avec égalité) 74.Cc7 Ff4 75.Ce8 Fe5 76.Rg5 nulle. 70.Cd3 Rf6 71.b4 cb 72.Cxb4 Fd1+ 73.Rg3









73...Re5 74.Cc6+ Re4 75.Rh4 Rf4 76.Cd4 Fg5+ 77.Rh3 Fg4+ 78.Rg2 Ff6 79.Ce2+ Re3 80.Cg3 Fe5 81.Cf1+ Rd4 82.Fa2 Ff4! Car la finale de Fous de même couleur est perdante, le Cavalier est collé à la bande sans pouvoir bouger. 0-1


Les étapes d’une analyse :

Conclusion

Le travail régulier en partant du plus simple et en allant au plus compliqué vous assure un niveau suffisamment solide et correct de vos connaissances et de votre technique en finales.

Vos connaissances des positions finales vous aideront élargir votre vue sur le jeu d'échecs et vous ouvriront leur ampleur et leur profondeur infinies.

Grand Maître Andreï Sokolov